Joyeux noël

Sebastian et Michael étaient désormais sur les routes de la province de Weard. Ils marchaient de nuit, afin de trouver le plus vite possible un lit chaud au fond duquel se blottir, et un bain dans lequel se purifier des saletés accumulées durant leur périple. Tous deux avaient envisagé de se laver dans les eaux chatoyantes du lac qui reposait non loin de la route, mais ils s’y étaient risqués quelques jours plus tôt, et l’eau était alors si froide que même Michael n’avait osé y rentrer.
Et là, ils étaient tous les deux seuls, marchant sur la route qui les emmenait vers leur prochaine destination. Seuls, tellement seuls au plus profond de la nuit noire que ça en devenait presque déprimant. De plus, la température ambiante était telle que, sans sa bure, Sebastian serait sans doutes mort de froid. Il remercia intérieurement le prêtre de lui avoir remis, et il s’agissait sans doutes de l’unique chose positive qu’il eut ressenti à son égard de toute sa vie, du fait de l’acte macabres qu’il avait accompli lors de la jeunesse du garçon. Et ces actes, il les avait accompli au nom d’Arceus… C’était à se demander pourquoi ce dieu destructeur existait.
Tout à ses pensées, Sebastian ne s’aperçut pas que la route bifurquait légèrement, et trébucha sur la légère pente qui menait au lac, s’étalant sur celle-ci puis effectuant un tonneau qui le fit rouler jusqu’au lac. Tout en dévalant la pente vers l’étendue d’eau, le jeune clerc s’aperçu qu’il ferait mieux de ne pas tomber dans le liquide glacé, sans quoi il risquait d’attraper une pneumonie ou autre maladie mortelle et peu agréable, surtout lorsqu’on se trouve à des kilomètres de toute civilisation. Il ne put cependant pas réfréner sa chute, perdant son combat contre la gravité et l’énergie cinétique. Saleté de physique.
Cependant, à peine eut il atteint le lac qu’il se rendit compte… qu’il ne tombait plus. Il n’était même pas humide. Tel Jesus marchant sur les flots, Sebastian se redressa sur le lac, et il s’aperçut que celui-ci était en fait gelé ! Regardant la glace comme un miraculé regarde une statue de la vierge, il se mit à rire de soulagement. Evidemment, même une telle étendue d’eau était gelée par un temps pareil ! Et la glace devait faire au moins plusieurs mètres d’épaisseur. Souriant de sa chance, le jeune homme appela son Farfuret qu’il apercevait sur les bords du fleuve, et qui semblait septique quant à la solidité du sol gelé. Il fut finalement convaincu par les encouragements de son maître, et s’engagea sur la piste. Bien que maladroit tout d’abord, Michael réussit rapidement à se déplacer agilement sur le sol de glace, glissant et virant tel un patineur artistique. Ses griffes antérieures marquaient le sol, laissant une trace distincte du passage du pokémon qui décida de se faire une mission de créer une œuvre sur le gel, sautant par endroits pour respecter son œuvre. Sebastian, revenu sur la terre ferme de peur de s’étaler sur le sol de glace, distingua rapidement deux formes humanoïde l’une à coté de l’autre. Toutes deux arboraient un sourire radieux, de même que le Farfuret qui était leur père. C’était la toute première fois depuis le début de leur périple qu’il arborait une telle expression de bonheur. Sa visage semblait tellement pure, en totale contradiction ave celui qu’il avait quelques jours plus tôt lorsqu’il avait déchiqueté le Marcacrin…
Sebastian décida de recommencer à marcher. Michael, qui l’avait aperçut, se dirigeait vers lui mais le jeune homme le renvoya à son patinage avec un sourire, le laissant profiter de la glace. Et tandis qu’il marchait, le jeune homme se rendit compte à quel point son périple pourrait gêner certaines personnes. Après tout, Michael n’avait rien demandé avant d’être capturé par le prêtre. Peut-être que es deux êtres gravés dans la glace le représentaient, lui et quelqu’un de sa famille. Mais malgré tout il s’était retrouvé mêlé à ses histoires. Et même si il n’avait rien demandé, il ne pouvait désormais plus s’échapper des liens qui le retenaient à Sebastian. Pourquoi ce genre de chose arrivaient-elles ? Probablement à cause du destin, qui sait.
Le Farfuret revint à son maître qui, encore une fois perdu dans ses pensées, ne s’était pas aperçu que la route s’éloignait du lac. Sebastian pris alors une décision, et il jura quelque chose à son compagnon.

«Michael… Un jour, nous irons les voir, d’accord ? »

Le Farfuret écarquilla les yeux, surprit par la déclaration de son maître, puis, comprenant de qui il parlait, il lui adressa un sourire chaleureux et acquiesça.
Sebastian sourit à son tour. À cet instant précis, ils semblaient loin, tellement loin de leur destin et de tous les objectifs qu’ils s’étaient donnés…
La fourrure de Michael se teinta alors d’une tache blanche qui disparut rapidement, puis d’une seconde. Puis, une troisième, un quatrième vinrent s’ajouter au lot. Le ciel décida soudainement de s’habiller de blanc, et la terre choisi de suivre sa décision. Et le monde se remplit de neige. Au loin un clocher se mit à sonner.
Douze coups retentirent les uns après les autres.
Sebastian sourit à nouveau. Oui, aujourd’hui, ils étaient loin de leurs problèmes. Ils étaient loin de tout.

« Michael, ça te dirait que l’on retourne près du lac ? »

Le visage du pokémon s’illumina, et tous deux retournèrent vers la grande étendue d’eau gelée. Cet instant n’était que bonheur. Dans leur vie, cet instant était un miracle.
Après tout, c’est peut-être pour cela qu’Arceus existe.