Aegir Généticien - Sans Faction
Fiche de Joueur Compétences de Personnage: Pokemon Principal: Galekid Niveau du Pokemon Principal: 3
| Sujet: Fic officielle d'End of Peace Ven 17 Déc - 22:14 | |
| Tome I :
Chapitre 1 :
- Spoiler:
- Quelque part à l'intérieur de l'immense cordillère de Xothonia, se cache un temple ancien. Dans ce temple, se trouve une salle, immense, qui renferme les secrets de ce monde. Des secrets qui n'auraient jamais dû être oubliés. Mais qui l'ont néanmoins été, par la bêtise humaine.
Voici ce qu'avait dit le respectable chef de village d'une localité reculée, située dans les marais putrides et désolés de Narbusia, au sud-est de Megalelion, à Denaro Wolf, un archéologue en quête perpétuelle de savoir. Depuis quelques années, une idée, ou plutôt un fantasme, avait en effet progressivement rongé son esprit de scientifique tourmenté, jusqu'à ne plus devenir que l'unique raison de vivre de ce jeune homme brun bien bâti, accoutumé à gravir les plus hautes montagnes de Megalelion. Cette idée, c'était découvrir le Sanctuaire Ancestral dont parle les anciens textes qu'il étudia avec assiduité durant ses longues années d'études, à l'université d'Hevius, coeur politique et culturel de Megalelion, le vaste super-continent qui rassemble la plupart des terres emergées du globe terrestre. On raconte que moult richesses se cachent dans ce temple antique, oublié de la mémoire des hommes depuis des décennies, ainsi que la plus grandiose qui puisse être pour un chercheur : la Grande Bibliothèque de l'Ancien Monde, qui rassemblerait, selon la légende, tous les savoirs des Anciens, avant que le Grand Cataclysme ne détruise ces civilisations mythiques qui régnaient sur Kanto, Johto, Hoenn et Sinnoh.
On ne sait que peu de choses sur l'Ancien Monde, si ce n'est qu'il fut un âge d'or, où tout n'était que splendeur, majesté et magnifiscience, et qu'il fut brutalement détruit par une crise environnementale d'ampleur phénoménale, aux alentours de la seconde moitié du 22ème siècle. De l'Ancien Monde, il ne reste aujourd'hui plus rien, et les causes du Grand Cataclysme, ou même son déroulement, restent encore aujourd'hui, en cette année 630 du calendrier du Nouveau Monde, largement ignorées.
En apprendre plus sur l'Ancien Monde, et sur les causes de sa disparition. Voilà le but que Denaro Wolf s'est fixé. Pendant plusieurs années ainsi, à la fin de ses études, il entama ainsi ses recherches, ainsi que des voyages dans les régions les plus reculées de Megalelion. Sans succès, jusqu'à cette rencontre avec ce vieillard, dans le petit bourg de Dolgor, au fin fond des marais de Narbusia. Après avoir remercié poliment ce vieux Dolgorien, qui semblait d'ailleurs en savoir plus long que ce qu'il prétendait, Denaro Wolf repartit ainsi plein Sud, retraversant le marais, plongé dans ses réflexions.
"La cordillère de Xothonia. Je l'ai pourtant dejà explorée dans tous ses aspects voilà deux ans. Serait-ce là que se cache le Sanctuaire Ancestral ? Ah, j'en ai assez : depuis maintenant presque dix ans, j'écume le monde entier, et ce vieillard sénile me dit maintenant que je n'ai fait que tourner en rond ? Rien que de penser que j'ai pu passer à quelques mètres du Sanctuaire, cela m'énerve. Bon. Je vais donc devoir préparer une nouvelle expédition, comme si le Ministère me payait pas dejà assez peu comme ça."
Plongé dans ses pensées, Wolf commençait à divaguer, progressivement empoisonné sans s'en aperçevoir par les fumerolles toxiques qui se dégageaient des marais dans lesquels il pataugeait. Depuis combien de temps n'avait-il pas dormi ? Plusieurs semaines sûrement, il avait besoin de dormir, quitte à le faire dans la boue. Lentement mais sûrement, la somnolence, ajoutée à l'apathie qui le touchait à cause de ces dangereuses fumerolles, s'insinuait en lui. Finalement, il s'effondra au beau milieu des marécages, le nez dans la boue, et s'endormit tel un nouveau né. Autour de lui, rapidement, la faune coutumière des marais sortit de l'eau et des roseaux, dans lesquels elle se cachait durant la longue divagation de l'homme aux pieds d'acier, comme on avait coutume de l'appeller, un peu partout dans Megalelion.
Peu accoutumés à la présence humaine, les pokemons locaux se rapprochèrent ainsi avec curiosité du corps du dormeur, non sans prudence. Puis, une fois arrivés devant lui, un Tadmorv un peu presomptueux s'exclama :
- Encore un Corrompu de moins pour nous polluer la vue. Allez venez les gars, on va le manger, c'est de la chair fraîche, alors autant en profiter, on en a pas souvent l'occasion.
Ce Tadmorv peu civilisé, adepte de l'anthropophagie, était ce qu'on peut appeller un glouton, comme beaucoup de Tadmorv. C'était d'ailleurs comme cela que les autres pokemons des marais qui le connaissaient l'appellaient, du fait de sa propension difficilement répressible à avaler et dissoudre tout ce qui est fait chair et d'os, pokemons agonisants comme humains ayant perdu connaissance. Fort heureusement, alors qu'il allait s'apprêter à commencer à absorber l'organisme de notre héros, un autre pokemon s'interposa entre lui et le corps de Denaro Wolf, d'allure beaucoup plus massive dans la mesure où il s'agissait d'un Avaltout, qui avait quant à lui le penchant inverse : il détestait en effet la chair humaine, la trouvant pas assez goutue à son palais raffiné, préférant de loin manger de gros pokemons tels que des Tauros ou des Girafarig, plutôt que de vulgaires humains :
- Bon, Glouton, ça suffit : j'en ai assez de tes gouts de barbares. On va l'emmener à Kutarsin, et nous montrer des pokemons civilisés avec lui. On n'est pas des humains que diable !
Grincheux et vexé de s'être vu retiré son repas du soir, Glouton se soumit néanmoins aux ordres de celui qui s'avérait être le chef des pokemons des marécages de Narbusia, et aidant ses camarades pokémons Poison à transporter le corps sans vie de notre aventurier vers Kutarsin, le refuge des pokemons de la région, située à l'extrême nord de la région, au pied des grandioses glaciers jumeaux d'Estyn et de Hugin, considérés à juste titre par les humains de Megalelion comme l'un des dix plus beaux lieux du continent. "Les jumeaux de cristal", c'était comme cela que l'on avait coutume d'appeller ces deux glaciers, en référence à une vieille légende nordique qui prétendait que ces deux glaciers renfermaient deux frères jumeaux, punis par les Dieux Ancestraux à être emprisonnés pour l'éternité dans deux gigantesques tombeaux de glace pour avoir osé prétendre que leur amitié fraternelle était suffisamment forte pour pouvoir se passer de la protection divine. Toujours est-il que c'était dans l'entrée principale des galeries de ces deux glaciers légendaires que les pokemons des marais conduisaient notre infortuné voyageur, qui venait dejà éviter de peu une mort atroce dans l'estomac terriblement acide de Glouton, le Tadmorv le plus gourmand de Megalelion.
Chapitre 2 :
- Spoiler:
Transporté par une foule de pokémons de races fort différentes, Denaro Wolf dormait du repos du juste, rêvant à des temps mythiques, bien avant que le Grand Cataclysme ne détruise les anciennes régions et les fusionnent dans le supercontinent dans lequel vivent aujourd'hui ses contemporains. Il se voyait richement vêtu, à la manière des aristocrates dont parlent les vieux livres, drapé d'une toge d'or fin, et paré d'une foule de bijoux à la valeur inestimable ; déambulant dans un de ces vieux temples dont parlent les légendes de l'Ancien Temps. Il n'y avait decidement que dans ses rêves que l'homme aux pieds d'acier trouvait ce qu'il cherchait plus que tout, bien loin des dures déceptions que la réalité lui forçaient à accepter, chaque matin, lorsqu'il voyageait entre montagnes et plaines, aux quatres coins de Megalelion.
Pendant qu'il divagait dans les limbes de son esprit, remplies de visions fugitives, ses porteurs s'éloignaient à vive allure du coeur des marécages, se rapprochant des montagnes du Nord, et des grands glaciers d'Estyn et de Hugin. Ils ne semblaient nullement atteint par la toxicité de l'air ambiant, mais après tout n'étaient-ils pas accoutumés à cette puanteur qui composait leurs vies d'humbles pokémons sauvages ? Les hommes sont si fragiles, ils croient dominer la nature, et ils se font aussi brutalement que rapidement vaincre par leur destin misérable. Et les pokémons, eux, vivaient avec innocence depuis des millions d'années, indifférents aux catastrophes et erreurs qui sont le lot commun de la grande aventure de l'espèce humaine.
Toujours est-il que Glouton et ses camarades voyaient, au fur et à mesure de leur avancée vers le Nord, les deux jumeaux de cristal grossir nettement, jusqu'à ne plus devenir au bout d'un moment que deux immenses masses de roche et de glace, prêtes à engloutir l'intégralité du règne animal, humains compris, dans leur ventre gelé par des millénaires de froid rigoureux. Après avoir quitté définitivement les marais, le groupe se mit ensuite à gravir le chemin d'accès principal vers les grottes des deux glaciers, au relief très accidenté. Puis, ils atteignirent enfin l'entrée des deux glaciers, qui s'ouvrait à la manière d'une énorme gueule de prédateur préhistorique, du fait de la présence de stalactites en haut de l'énorme voie d'entrée, symbole peu hospitalier de ce qui les attendaient à l'intérieur : le froid, encore le froid, et toujours le froid.
Et pourtant, c'était ici, au coeur de la montagne, que se trouvait Kutarsin, le refuge des pokemons de la région de Narbusia, située à l'est de la vaste région forestière de Xyrgos, et séparée par un canyon aussi étroit que réputé pour sa dangerosité, du fait des risques d'éboulements. Mais ce genre de considérations géologiques n'effrayait en rien les amis de Glouton, et ils pénétrèrent donc sans la moindre hésitation au coeur de l'immense glacier, dont l'intérieur était aussi peu chalereux que son entrée : ainsi, pendant plusieurs longues heures, tandis que l'hôte qu'ils portaient tous depuis maintenant une bonne partie de la soirée continuait à dormir du sommeil du juste, le petit groupe avança toujours plus profondément dans le ventre du glacier, traversant lacs de glace et étroits ponts orcheux, jusqu'à finalement enfin arriver, alors que la nuit commençait à tomber à l'extérieur, dans une vaste salle au coeur de la montagne, qui grouillait de pokemons de toutes tailles et races, dans une véritable cité troglodyte, où de petits logis pour pokemons avaient été creusés dans la roche, jusqu'à des hauteurs phénoménales. Ils étaient enfin arrivés à Kutarsin, la plus imposante ville troglodyte de Narbusia, mais aussi sûrement de Megalelion.
Tout en avançant vers le centre de la ville, où se trouvait une sorte de monte-charge creusé dans la roche et animé par un système de poulies, Glouton demanda à son chef, l'Avaltout qui avait tantôt sauvé Denaro Wolf d'une mort certaine, non sans soupirer :
- Bon gros lard, nous sommes arrivés à Kutarsin. Si on va pas le manger, tu compte faire quoi de lui ? Non parce que c'est un humain à la base, s'il se réveille ici il risque d'en informer les autres Corrompus si on le laisse repartir. Et tu sais ce qu'il est arrivé à notre dernière cité...
De quelle cité parlait Glouton ? Simplement d'une des plus anciennes cités pokémon de Narbusia, celle qui fut pendant des décades le premier refuge de la région, et dont le prestige et la splendeur s'étendait même aux régions voisines : Tarsin. Construite au coeur d'une mine de diamant, à l'ouest du glacier d'Estyn, elle fut pourtant détruite par la barbarie et l'avidité humaine. Par la main insensible à l'Art et à la Beauté des mêmes hommes qui ont toujours été cause de guerres et de chaos, et jamais de sérénité et de civilisation. Oh, bien sûr, ils ont pu s'en revendiquer. Quel pillard n'a jamais justifié ses forfaitures par la Civilisation, la Justice, ou encore la Légitimité ? Mais peu importe les considérations morales, la seule chose que l'Histoire retint de ces hommes fut ce qui suit.
24 Septembre 620 du Calendrier du Nouveau Monde. Un homme est retrouvé par les pokémons de Narbusia, gisant sans connaissance au nord-ouest des marécages de Narbusia, à 53 kilomètres environ de l'emplacement actuel de Kutarsin. Il est donc récupéré, comme le veut la tradition, par les pokémons locaux, qui le transportent à Tarsin. Là, il est soigné, nourri et logé par les Tarsiniens. Les rapports concernant la suite des évènements demeure peu connue et vérifiable, même aujourd'hui, mais il semblerait que l'hôte des pokémons de Tarsin ne se soit jamais vraiment remis de sa rencontre avec cette civilisation extra-humaine, en bon humaniste borné, et qu'il se soit ensuite échappé, profitant du manque de sécurité flagrant dans cette cité de l'Hospitalité peu accoutumée au bellicisme. Par la suite, l'homme voyagea pendant plusieurs semaines à marche forcée droit vers le nord-ouest, vers l'industrieuse Xothonia, afin de révéler à ses semblables sa découverte, espérant naïvement devenir célèbre. La Sylphe SARL*1, firme millénaire aux ambitions tout sauf bienfaisantes pour les pokémons, aurait alors eu vent de cette révélation et aurait, grâce aux indications de l'imprudent évadé, pu détacher un corps expéditionnaire de 500 hommes à Narbusia dans le but d'éradiquer cette ville pokémon et de s'en approprier toutes les richesses. Bilan des courses, comme toujours lorsque les hommes font parler leur ego démesuré : 5861 pokémons morts, la destruction totale de Tarsin, et un choc immense pour les rares survivants.
Un massacre. Tout cela ne fut qu'un morbide massacre, qui renforce l'opinion dejà fort présente parmi les pokémon que l'Homme n'était décidement capable que d'une chose : la destruction, et qu'il fallait donc s'en méfier. De ce constat, somme toute assez compréhensible, fut décidée la construction de Kutarsin, la ville-prison, au coeur des glaciers Jumeaux, destinée à interner à vie les humains capturés, afin d'éviter qu'un tel désastre ne se reproduise. A Tarsin, la Ville de l'Hospitalité, succèda donc Kutarsin, la Ville des Exclus – c'est-à-dire, pour parler simplement, le ghetto des humains "recueillis". Dès lors, on voit clairement à quel point la question de Glouton ne faisait que remuer le couteau dans la plaie pour tous les pokémon qu'il accompagnait malgré lui, sadiquement, surtout pour un évènement encore si récent. Pourtant, leur chef ne réprimanda étrangement en rien son mouton noir, se contentant de répondre fermement et non sans ironie :
- Ah, vraiment ? Bon, trêves de plaisanteries, gardes ! Emprisonnez-le dans le Centre d'Analyse, au 5ème étage. Les autres, dispersez-vous, notre mission est terminée pour aujourd'hui, Pinocchio va se charger de lui.
Aussitôt dit aussitôt fait, les deux Pokemons qui gardaient le monte-charge de pierre situé au centre de la ville, dans un puit de lumière, prirent donc avec délicatesse le corps de Denaro, puis démarrèrent le monte-charge en hurlant à tue-tête, tout en levant la tête quelque part vers les hauteurs de Kutarsin :
- Hé le nouveau, arrête de dormir et monte-nous jusqu'au cinquième étage, on a un invité pour Pinocchio.
Cinq étages plus haut, un petit Psykokwak sursauta un instant plus tard, comme réveillé par un chanteur d'opéra à trois heures du matin, et répondit, d'une voix timide et paniquée :
- Heu...Oui monsieur, je le fais tout de suite.
Puis, il se déplaca péniblement dans une démarche assez comique vers un levier qui se trouvait à droite de lui, et le déclencha avec difficulté, usant de tout son poids de petit pokémon, c'est-à-dire peu. C'est alors qu'un vacarme assourdissant se fit entendre aux quatre coins de cette cité carcérale, mélange de bruits d'engrenages rouillés et de divers sons d'origine mécanique, et le monte-charge commença alors sa lente ascension, faisant monter avec lui les deux gardes, un Machopeur et un Harriyama, dont le second portait avec une facilité déconcertante le corps endormi de Denaro Wolf, jusqu'à ce que, une dizaine de minutes plus tard, le monte-charge arrive à destination, permettant la descente des deux Pokemons.
Quelques minutes plus tard, après quelques déambulations dans les méandres de balcons, de couloirs et de corridors qui constituaient l'intérieur de la ville de Kutarsin, les deux gardes arrivèrent enfin devant le lieu où on leur avait ordonné peu de temps avant de déposer Denaro, leur nouveau prisonnier : la Salle d'Analyse du Centre de Détention pour Nouveaux Hôtes de Kutarsin, abrégée sommairement par les habitants et les détenus de la prison par les initiales S.A.C.D. Cette honorable institution aux buts plus qu'obscurs était tenue par un individu terrifiant, appellé Pinocchio, et dont les caprices plus qu'exotiques n'allaient pas tarder à être connus de Denaro, une fois sorti des bras d'Orphée...
*1 La Sylphe SARL est une très ancienne firme née aux alentours des années 1933 du Calendrier du Nouveau Monde, originellement spécialisée dans l'équipement pour dresseurs de pokémon du temps de l'apogée de cette monde, qui disparut momentanément durant le Grand Cataclysme de 2174, avant de ressusciter dans d'obscures circonstances deux siècles plus tard, en l'année 211 du Calendrier du Nouveau Monde. Aujourd'hui, il s'agit de la multinationale la plus puissante de Megalelion, qui contrôle de manière étroite le Gouvernement Central de Xothonia – qui est pour ainsi dire à sa solde -, et qui domine tous les secteurs de l'économie de Megalelion grâce à ses méthodes commerciales à la limite de la pègre et au juteux trafic de pokémons qu'elle pratique, faisant la joie de ses actionnaires et de ses plus gros clients, principalement des généticiens à la moralité plus qu'altérée.
Chapitre 3 :
- Spoiler:
Déposé avec précaution sur une table d'opérations en acier par les deux gardes, dans la salle principale de la Salle d'Analyse, Wolf dormait encore, poursuivant ses rêves de gloire et de découvertes exceptionnelles, jusqu'à ce que, quelques heures plus tard, d'étranges bruits sourds se firent entendre, le sortant progressivement de son sommeil. Des bruits effrayants. Des bruits qui sonnaient le glas de son trop court repos. Lentement, il entrouvrit ses yeux, à mesure que ce vacarme se fit de plus en plus distinct. Si au début Denaro Wolf n'entendait que des bruits de chocs contre des parois métalliques, au fur et à mesure il finit par entendre quelques bribes de mots articulés, entrecoupés de ces chocs sourds.
- Non, pitié. Laissez-moi tranquille.
- Hinhin, tu ne crois pas si bien dire. Je vais te laisser moucheron, mais avant laisse-moi juste dévorer ton âme. Ca ne sera pas douloureux. Tout du moins, pas trop. J'ai un autre patient qui m'attend.
S'ensuivit alors une sorte de rire dément, le genre de rires que seul un fou pouvait articuler. Puis des hurlements de souffrance et d'agonie tout aussi déments se firent entendre un peu partout dans l'enchêvetrement de salles qui formaient le Centre d'Analyse de Kutarsin, résonant dans un vacarme assourdissant sur les murs métalliques et caverneux de ce lieu hanté par la folie. Et après ces quelques instants de terreur auditive, le silence s'instaura progressivement. Un silence glacial et terrifiant. Quel dormeur ne serait pas réveillé par un tel environnement, peu propice au repos ? Aucun, et Denaro, après plusieurs minutes de torpeur face à ce qu'il croyait entendre – il ne savait en effet pas vraiment au début si ces bruits venaient d'un rêve douteux né dans son esprit brumeux ou du monde réel – se réveilla enfin, tout en s'interrogeant sur ce lieu inconnu où il se trouvait à présent.
- Où suis-je ? J'étais censé être en train de traverser les marais pourtant. Et d'où viennent tous ces bruits étranges ? Je ne reconnais pas du tout ce lieu. Mais que...Je n'arrive pas à bouger !
En effet, Denaro n'avait pas seulement été déposé sur cette table en acier, quelqu'un l'avait également solidement attaché avec du fil de fer. Et Denaro, paniqué, tenta bien entendu de se sortir de cette situation peu enviable, gigotant dans tous les sens pour se dégager de ses liens avant que le sinistre propriétaire des lieux n'arrive ; mais cela ne changa rien à sa situation : il parvint seulement à se blesser les poignets et les mollets sur ces fils de fer qui le retenaient prisonnier sur cette table d'opérations – ou de torture, c'est selon -
- Aïe...Qui est le taré qui m'a attaché avec du fil de fer ? S'exclama un peu trop fortement le nouveau détenu de Kutarsin, sans s'aperçevoir que, dans un silence toujours glacial, le fameux maître des lieux était apparu juste derrière lui. C'était un Hypnomade avec un regard perfide, un nez très long, et surtout un pendule de couleur violette et rouge dans la main droite. Le pokémon, tout en se rapprochant très lentement de Denaro, esquissa un sourire vicieux et se mit enfin à parler à son prisonnier :
- Ah, je vois que tu es réveillé, humain. Parfait, nous allons donc pouvoir commencer. Mais avant, je ne voudrais pas paraître grossier à mon hôte : quelques présentations me semblent nécessaires, héhé.
Puis, après avoir dit cela avec une voix aussi perfide que son apparence - et qui puait d'ailleurs le sadisme et la perversion autant qu'un Grotadmorv durant la saison des amours - le pokémon bondit avec une vitesse hallucinante devant la table où était piégé l'infortuné archéologue, avant de commencer à lentement lui tourner autour, tout en agitant de manière frénétique son pendule. Dans le même temps, la créature démente continua à torturer verbalement son prisonnier, qui souffrait le martyre pendant ce temps - les mains ensanglantées par ce fil de fer qui empêchait tout évasion de sa part – sans que son bourreau ne fasse preuve de la moindre compassion à son égard :
- Les habitants de ce lieu me nomment Pinocchio, je ne sais pas pourquoi d'ailleurs. On dit de moi beaucoup de choses, rarement positives, mais peu importe dans la mesure où tu t'en rendra vite compte, cher sujet d'étude. Hin hin, j'ai tellement hâte de commencer à t'analyser. On m'a dit qu'on t'a trouvé dans les Marais...Qu'y faisait-tu ? Réponds, tu n'a pas à avoir peur de moi voyons...Je sais être compréhensif avec ceux qui collaborent avec moi tu sais. Répond à mes questions, et je serais ton allié. Résiste-moi et je dévorerais ton âme à l'aide de mon pendule, comme le spécimen de la dernière fois. Tu a dû l'entendre, non ? Ces spécimens incapables de résister à leur peur n'ont aucune valeur. Je ne suis pas méchant, n'écoute pas ces imbéciles de l'extérieur. De toute manière, que je te tue ou que tu sois coopératif, j'aurais les réponses à mes questions alors soit raisonnable compris ?
En entendant ces mots, Denaro était terrifié. Il ne parvenait à rien dire : ce Pokemon était monstrueux de perversion, il semblait prêt à tout, même et surtout au pire. Pour toute réponse, le prisonnier de Pinocchio ne put que bégayer :
- Je...ne sais pas. Que voulez-vous de moi ?
Face à cette réponse, Pinocchio éclata de rire, avant de se rapprocher encore plus de Denaro et de répondre, tout en commençant à agiter son pendule : - Tu me deçois humain, fais un effort si tu ne veux pas finir comme tant d'autres de tes congénères. Ce que j'exige de toi n'a rien de compliqué pour ton modeste cerveau de singe : que faisait-tu dans ces marécages, les hommes n'ont pas pour habitude de s'écarter de leurs villes et de leurs routes pourtant. Alors si tu t'en es écarté, cela doit être pour une raison très précise. Je veux connaître cette raison. Que faisait-tu donc dans les marais de Narbusia humain ? Parle !
A mesure que Pinocchio se rapprochait et lui faisait subir un interrogatoire musclé, le rythme cardiaque de l'archéologue ne cessait d'accélerer. Il devait faire quelque chose s'il voulait survivre à ce fou, dire quelque chose, n'importe quoi...Ce Pokemon n'était pas comme les autres, son intelligence supérieure se sentait lorsqu'on l'écoutait, et il avait dû tuer de ses mains, ou plutôt de son esprit, bon nombre de pokémons et d'humains. Tandis que la pression exercée par Pinocchio sur son prisonnier atteignait son paroxysme, Denaro commençait à sentir son esprit en train d'être absorbé par le pendule mystique de Pinocchio, que son tortionnaire tenait fixement en face de ses yeux, attendant une réponse ou le décès de sa victime. Le pendule de cet Hypnomade était tout sauf conventionnel, dans la mesure où, en plus de pouvoir hypnotiser et dévorer les rêves de ses victimes, sa puissance s'étendait même à l'absorption de l'esprit entier des cibles de son propriétaire, tuant par le même coup par ce processus tous les êtres, pokémons comme humains, que son maître jugeait bon d'éliminer. Les secondes passaient, semblant interminables au jeune Denaro Wolf, et il sentait la mort se rapprocher de lui, inexorablement. Dans un ultime effort pourtant, avant qu'il ne perde connaissance – et la vie – sous les assauts mentaux répétés de l'effroyable pouvoir du pendule de Pinocchio, l'humain réussit pourtant à laisser échapper une réponse à l'attention de son tortionnaire un brin dérangé mentalement :
- Je voyage...pour découvrir enfin...le Temple !
Face à une telle réponse inespérée, Pinocchio se mit alors à sourire, tout en s'éloignant et désactivant le pouvoir de son dangereux pendule. Pourquoi souriait-il ? De satisfaction sûrement, et pour d'autres raisons probablment. Toujours était-il que la menace qui pesait sur l'existence du jeune archéologue s'éloignait. Mais pas définitivement encore dans la mesure où, si la mise à mort de son détenu était suspendue, l'interrogatoire continuait et l'homme savait désormais à quel point sa modeste vie ne tenait qu'à un fil. Une réponse non satisfaisante donnée à Pinocchio, une seule, et le fil sacré de la vie de Denaro serait rompu à jamais par ce pokémon fou.
- Bien, j'aime ça. Je devrais sûrement me passer d'un second repas ce soir dans ce cas...Mais dis-moi, quel est ce temple mystérieux que tu recherche si ardemment et qui t'a conduit à te faire bêtement capturer par ces imbéciles de Kutarsin ?
Répondit donc Pinocchio, de manière un peu plus calme et moins insistante que quelques temps plus tôt, mais toujours avec ce ton sadique et malveillant qui le caractérisait si bien ; avant de continuer, après s'être accroupi sur la gauche de son prisonnier, à la hauteur de la bouche de Denaro :
- Dis-le moi et je te libère. Voit-tu, j'en ai plus qu'assez de moisir ici. Je veux pouvoir exercer mes talents à plus grande échelle. Oui...Dis-le moi et je ferais en sorte de libérer ta route vers l'extérieur. Ils croient que je suis à leur service, mais j'ai d'autres ambitions que de torturer de pauvres hères tels que toi.
Denaro n'en revenait pas. Ce fou était-il sérieux ou bien n'était-ce encore qu'un de ses innombrables coups fourrés ? De toute manière, il n'avait pas vraiment le choix. Si Pinocchio mentait, il mourrait, mais s'il ne disait rien il mourrait tout autant. Dès lors, en y réflechissant un peu, Denaro en conclut donc, en bon scientifique pragmatique et rationnel, que dévoiler son secret à son tortionnaire ne lui couterait pas si cher, et que, après tout, Pinocchio n'atteindrait jamais le Sanctuaire Ancestral, ce lieu introuvable caché au coeur des montagnes de Xothonia. C'est pourquoi l'archéologue répondit ensuite :
- On raconte que les secrets de l'Ancien Monde se cacheraient dans un ancien temple. Dans ce temple, se trouverait une bibliothèque légendaire, où tout le savoir oublié de l'Ancien Monde serait dissimulé, loin de la vue du reste du monde. C'est là que je veux aller. Voilà, tu as ta réponse. Maintenant, libère-moi comme tu me l'a promis.
Quelle réaction allait en effet adopter Pinocchio ? Ce Pokemon perfide, dont le sens du mot honnêteté lui était inconnu, pourquoi donc tiendrait-il parole alors qu'il avait eu la réponse qu'il désirait ? Il pouvait après tout le tuer, puis ensuite s'enfuir afin de mettre en place ses mystérieuses ambitions. Qu'allait donc faire Pinocchio ? A ce moment-là de l'interrogatoire de Denaro, le mystère restait entier...
A suivre prochainement... | |
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