Arrestation

24 Janvier 655, 18h21

Une journée avait passée depuis le départ de Rudolp Estenia du port d'Estyn. Voyageant sur un vieux ferry vétuste qui aurait bien pu se trouver dans un cimetière de bateaux, le Professeur arrivait enfin sur les côtes de Xothonia, tout au nord de la région. Débarquant sur une grande plage entourée des montagnes charbonneuses du sud - les Plages d'Airain - Rudolph était satisfait. Enfin il retrouvait Xothonia, son voyage forcé dans les régions sauvages de l'Est lui avait redonné gout à la vie. Maintenant, il n'avait plus qu'à traverser la chaîne de montagne située à l'Ouest de la région pour rejoindre Hevius ainsi que le siège de la Sylphe SARL, qu'il avait quitté contre son gré quelques semaines plus tôt. Tout du moins le pensait-il. Car en effet, à peine débarqué du ferry, des policiers gouvernementaux l'attendaient, ayant dressé un barrage filtrant afin de vérifier l'identité des voyageurs. Ils cherchaient quelqu'un, cela ne faisait aucun doute. Pourvu que ce n'était pas lui qu'ils cherchaient. Il se fondit donc dans la masse des voyageurs jusqu'à être arrivé en face du barrage filtrant. Là, il donna ses papiers d'identité en faisant mine d'être un voyageur anodin. En voyant ses papiers, un des policiers, très musclé, s'exclama alors :

- Rudolph Estenia...! Vous êtes Rudolph Estenia. C'est vous que nous recherchions. Veuillez vous rendre sans résistance. Au nom du Gouvernement de Xothonia, vous êtes en état d'arrestation.

Estenia n'en croyait pas ses oreilles. Ils osaient l'arrêter, lui ? Pendant des années ils n'avait jamais été inquiété pourtant. Des choses étranges s'étaient passées à Xothonia en son absence, et la seule façon d'en apprendre plus était de se rendre. Quitte à manipuler ses accusateurs de bout en bout pour sortir de ce mauvais pas ensuite. Toujours était-il que la Sylphe SARL avait levé son immunité judiciaire : c'était la seule dont il était sûr. Son pokémon, se soumettant rapidement à la volonté de son Maître, fut également enfermé de force dans une Pokéball spéciale, sur laquelle on pouvait voir les logos "G.X" : GX pour Gouvernement Xothonien. Pendant ce temps, d'autres policiers lui prenaient sa blouse et sa sacoche, lui empêchant d'utiliser ses armes bactériologiques sur les policiers. Puis, Rudolph Estenia fut emmené à l'arrière de la plage, près de l'entrée de l'autoroute qui permettait d'atteindre Hevius rapidement. Là se trouvait un fourgon de la Police, où on l'emprisonna. Ceci fait, les deux conducteurs du fourgon démarrèrent le véhicule et commencèrent à voyager vers Hevius, là où probablement il serait amené dans un commissariat.

Bien qu'isolé, Rudolph pouvait néanmoins épier les conversations des conducteurs :

- On l'a enfin trouvé ce lascar. Il n'a pas l'air d'être au courant.

- En effet. Les temps ont changé : c'est fini le temps où la Sylphe échappait au contrôle de l'Etat. Avec le nouveau gouvernement, les gens comme lui cesseront de torturer des pokémons. Si avec son procès et son éxecution les Ecologistes ne sont pas satisfaits, il faudra les faire taire.

- Oui. Tout se passe comme Igor l'avait prévu...

Ce que le Professeur entendait ne faisait qu'accroître ses pressentiments : il se passait de drôles de choses ici. Pourquoi le Gouvernement faisait-il à présent de l'ingérence dans les affaires intérieures de la Sylphe à présent ? A Hevius il aurait très probablement les réponses à ces questions. Mais il devrait aussi être rusé : apparemment un procès allait être intenté à son encontre, et il risquait d'y laisser sa peau. Le moment voulu, il devrait trouver les moyens de s'échapper. Echapper aux forces gouvernementales bien sûr - qui étaient désormais dangereuses pour ses intêrets - mais également à la Sylphe, qui lui avait retiré tout soutien et donc, supposait Rudolph, l'avait trahi dans le dos. Une telle perfidie ne pouvait rester impunie. A Hevius, là où tout avait commencé, il se vengerait de ces financiers et ces politiques. Il ne savait pas encore comment : mais cela serait fait. Car telle était la volonté implacable du Professeur Estenia désormais.